La légende dit que Ste Berthe, alors qu’elle faisait une halte à Quiéry, les puits et le querbieux (cours d’eau qui s’appelle maintenant l’escrebieux) étaient à sec, les Quiérysiens lui demandèrent secours. Elle les fit creuser à un endroit situé à l’entrée de la rue qui porte son nom, on y trouva de l’eau et le puits jusqu’à son comblement en 14-18 ne fut jamais à sec. Dès les premières années qui suivirent la mort de Ste Berthe les fidèles accoururent de toutes parts à son tombeau et ces pieux pèlerinages furent souvent signalés par d’éclatants prodiges. Un siècle plus tard à l’époque des invasions normandes les miracles se produisirent plus nombreux encore, tous les jours, un concours non interrompu de muets, d’aveugles, d’estropiés qui venaient réclamer le secours de Ste Berthe et qui s’en retournaient tous, parfaitement guéris

 

 

Au VIIè siècle, les Francs, peuple barbare venu de l’est occupent la moitié de la Gaule. En 498, ils se convertissent au christianisme suite au baptême du roi Clovis, poussé par sa femme Clotilde. Encore imprégnée de rites païens, la foi de ces barbares est cependant très solide, toute leur ardeur guerrière est mise au service de l’Eglise. Les rois Mérovingiens Dagobert et Clovis II s’entourent d’évêques pour gouverner, ils ont conscience du rôle de protecteur et de bienfaiteur de l’église que leur confère la fonction royale. Sous leur impulsion l’évangélisation se poursuit jusqu’aux confins du royaume mérovingien. Les missions les plus importantes et les succès les plus sûrs ont lieu dans le nord de la France, en Flandre et en Belgique.

Ces régions deviennent une pépinière de Saintes venues de tous les horizons. Parmi eux, il y a d’ardents prédicateurs de l’évangile, mais aussi des moins contemplatifs. Dans le diocèse d’Arras il faut mentionner Rictrude morte en 668 à Boiry Sainte Rictrude.

Le territoire occupé par les Francs est divisé en deux royaumes souvent en lutte l’un contre l’autre. Alors le roi Dagobert 1 décide de venir au secours de ses sujets. Il part avec ses guerriers parmi lesquels se trouve RIGOBERT, père de Ste BERTHE, Rigobert poursuit les ennemis avec bravoure et les fait reculer. Le roi Dagobert ordonne alors de fortifier Blangy pour arrêter les incursions des adversaires. Tandis que son fils Clovis II érige en comté la terre de Blangy qu’il donne à Rigobert pour le récompenser de son courage. Blangy devient alors une des sept forteresses du pays ternois. Rigobert songe en même temps à se trouver une épouse. Il est conquis par la princesse URSANE fille de d’Ercombert et se marie à son tour. Vers 644 Rigobert et Ursane ont une fille qu’ils appellent BERTHE du nom de sa bisaïeule - le prénom signifie clair, lumineux -. De par ses parents, la jeune Berthe est une princesse de sang royal. Lorsque Berthe parvient à l’âge de dix huit ans ses parents ont le souci de lui choisir un compagnon de vie de son rang. SIGEFROY baron d’Auxi le Château et cousin de Clovis II conquiert la famille et la main de Berthe lui est accordée. Rigobert donne à sa fille son château de Blangy ainsi que Febvin, QUIERY LA MOTTE, Erin Nuncq etc… ainsi que des terres et des seigneuries. Sigefroy et Berthe ont cinq filles : Gertrude, Déotilde, Emme, Gise et Geste. Vers l’an 680 Dieu éprouve Berthe en rappelant à lui Sigefroy. Berthe aspire à se retirer dans la solitude. Elle commence à faire construire une église et des cellules près de la Ternoise. Bien que bâtie antérieurement à celle de Blangy, l’abbaye de Quiéry tomba sous sa dépendance sans doute en raison de la résidence de Ste Berthe à Blangy.

Avant de bâtir le sanctuaire Berthe veut parler de son projet à sa belle sœur Rictrude. Elles se rencontrent à QUIERY LA MOTTE et au cours de leur conversation aux dires de légende Berthe frémit en entendant un bruit semblable à celui d’un édifice qui s’écroule. Quelques heures après on lui annonce que son monastère s’est entièrement effondré. Elle supplie alors l’abbesse de Marchiennes de se mettre en prière avec toute la communauté. Au bout de trois jours, elle voit en songe l’emplacement de l’église des bâtiments à venir. A l’âge de soixante dix neuf ans, Berthe, atteinte d’une forte fièvre, comprend que sa fin approche. Le 4/07/723 entourée de ses filles, Berthe meurt dans la sérénité. Elle est inhumée près d’Emme et de Déotilde.

 L’abbaye de Quiéry était reliée à l’actuelle église par un souterrain en grès comblé de craie depuis la révolution. Autrefois le tout était entouré de douves dont on retrouve les traces lors de la construction de maisons à proximité. Le cimetière, désaffecté en 1894, jouxtait l’église. Les bâtiments, vendus comme biens nationaux à la Révolution, avaient auparavant subi des transformations tout en gardant un caractère religieux (voûtes de briques en coupole). Deux pierres reprises à l’épigraphie, sont sculptées, l’une au porche porte la date de 1678 ainsi que 2 blasons. Lors de la vente, les bâtiments furent acquis par la famille Rohart et hérités par le fils Louis Rohart qui décéda sans postérité en 1888 et fut inhumé à Quiéry. La ferme fut ensuite acquise par la famille Dupret Bridoux qui à son tour, mourut sans postérité. Au début des années 20, Les Dupret construisirent une maison sur l’emplacement d’une partie de l’abbaye et placèrent dans le salon et salle à manger les cheminées en marbre blanc du pur style Louis XV qu’ils avaient récupérées du Château de la Motte, leur ancienne propriété. La ferme appartient maintenant à la famille Vivier.